lundi 8 septembre 2014

Etats-Unis: les démocrates en difficultés aux élections de mi-mandat

Après la pause estivale, les élus sont de retour au Congrès américain ce lundi 8 septembre. Cette rentrée parlementaire s'annonce tendue puisque les prochaines semaines se dérouleront sous le signe des élections de mi-mandat, qui auront lieu le 4 novembre prochain
Barack Obama est à la moitié de son second mandat et le moins que l’on puisse dire c’est que les sondages ne lui sourient guère : l’enthousiasme et l’espoir suscités par l’élection en 2008 du premier président noir des Etats-Unis ont depuis longtemps laissé la place à une certaine désillusion. Seul 41% des Américains se déclarent aujourd’hui satisfaits avec l’actuel locataire de la Maison Blanche. Ce désamour s’explique avant tout par de multiples difficultés en matière de politique intérieure, comme, entre autres, la lenteur de la reprise économique ou la réforme du système de l’immigration qui se fait toujours attendre. La mort d’un adolescent noir, cet été à Ferguson, tué par un policier blanc, et les émeutes qui ont suivi, ont rappelé à la société américaine que la question raciale et les inégalités sociaux-économiques dues à la couleur de la peau restent des sujets brulants et non résolus.
« Cette année, les électeurs américains se montrent également préoccupés par les problèmes dans le monde », constate Alan Abramowitz, professeur en science politique à l’université d’Emory à Atlanta en Géorgie. « L’avancée des djihadistes de l’Etat islamique, le conflit israélo-palestinien ou encore la crise ukrainienne sont autant de dossiers auxquels l’administration Obama n’a pas répondu ou ne répond pas de manière convaincante ».
« La malédiction des six ans »
Dans ce contexte complexe pour Barack Obama vont avoir lieu, le 4 novembre prochain, les élections législatives, dites « de mi-mandat ». Il s’agit de renouveller l’ensemble des 435 élus de la Chambre des représentants et un tiers des sièges de sénateurs, soit 36 sur 100. Et contrairement à ce qu'on pourrait croire, les élections de mi-mandat ne portent que rarement sur les enjeux locaux mais plutôt sur la politique du président. Généralement les élections de mi-mandat sont d’ailleurs défavorables au parti du président en place. Cette année, ce phénomène, baptisé par les Américains « la malédiction des six ans », risque donc de frapper le Parti démocrate de Barack Obama avec un danger majeur : à l’issue du scrutin le président pourrait se retrouver face à un Congrès entièrement contrôlé par ses adversaires.
La bataille du Sénat américain
Depuis quatre ans déjà, les républicains sont majoritaires à la Chambre des représentants et vont le rester, sauf coup de théâtre. Mais ils sont désormais en mesure de prendre également le contrôle du Sénat. Dans cette chambre haute du congrès américain, la majorité démocrate ne tient qu'à six sièges. « Beaucoup d'Etats dans lesquels on élit des sénateurs cette année, sont des Etats qui votent majoritairement républicain à l'élection présidentielle », explique le politologue Alan Abramowitz. « Il y a six ans, les sièges de sénateurs dans ces Etats traditionnellement conservateurs ont été remportés par les démocrates. Et ceux-ci doivent maintenant les défendre ».
Mais le contexte politique leur est défavorable. Et c'est ainsi que de plus en plus de candidats démocrates tentent de se distancier du président Barack Obama le temps de la campagne électorale - parfois de manière assez ostentatoire. « Il y a quelques jours, Barack Obama était en Géorgie », raconte Dick Howard, professeur émérite en philosophie politique de la Stony Brook State University de New York. « La candidate démocrate n'était pas présente. Elle a trouvé une excuse pour ne pas être vue avec lui ».
Républicains : le parti du « non »
Si les démocrates se trouvent en difficultés, la bataille ne s’annonce pas facile non plus pour leurs concurrents républicains. Tenus pour responsables du blocage législatif au Congrès et du Shutdown (la fermeture partielle du gouvernement fédérale) en automne 2013, les conservateurs se cherchent aujourd’hui une identité autre que leur pure opposition au président Obama. « La majorité républicaine à la Chambre des représentants souffre d’une très mauvaise image auprès de l’opinion publique américaine », constate Dick Howard. « C’est le Congrès qui a voté le moins de lois dans l’histoire des Etats-Unis. On a l’impression que les républicains sont le parti du "non". Et les électeurs ne voient pas trop pour quelle visions les conservateurs se battent ».
C'est donc la mobilisation des électeurs qui risque de faire encore une fois la différence lors du scrutin de novembre. Traditionnellement, lors des élections de mi-mandat, les électeurs républicains sont plus motivés que les électeurs démocrates. Beaucoup d’experts estiment qu’en cas de victoire des candidats républicains dans les deux chambres du Congrès, Barack Obama serait condamné à l’immobilisme pour les deux dernières années de son mandat.
Mais cette éventuelle cohabitation mettrait également les républicains sous forte pression. « S’ils obtiennent la majorité à la Chambre des représentants et au Sénat, les conservateurs sont obligés de concrétiser enfin leur agenda politique dont ils parlent mais qu’ils n’ont pas pu mettre en place jusqu’ici à cause de la majorité démocrate au Sénat », analyse Alan Abramowitz. Dans ce cas de figure, Barack Obama opposerait probablement son vetoà beaucoup de lois, adoptées par un Congrès à majorité républicaine. Et le politologue d’Atlanta de conclure : « Ce qui voudrait dire qu'on continuerait avec la politique de blocage et de confrontation à Washington pour les deux ans à venir ».
Source:http://www.rfi.fr/ameriques/20140908-etats-unis-derniere-ligne-droite-avant-elections-mi-mandat/

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